Dans cette page, j'aimerais partager avec vous des conseils que j'aurai aimé avoir eus lors de mon apprentissage de l'improvisation à la guitare, et qui m'auraient sans doute fait gagner du temps. Ce sont d'ailleurs des conseils valables pour tous les instruments, et pas uniquement pour l'improvisation. C'est parti !
Cette méthode ne date pas d'hier et elle a fait ses preuves. Prendre des cours
avec un(e) prof vous permettra d'avoir des exercices sur mesures, des conseils et
des retours sur votre jeu et vos qualités ou vos défauts, et les cours constitueront aussi
une deadline qui vous motivera encore plus à travailler : je parle d'ailleurs de ce point
un peu plus bas dans cette page.
Je donne d'ailleurs moi-même des
cours de guitare et cela depuis plus de 15 ans maintenant.
Ce que je conseille souvent à celles et ceux qui souhaitent trouver un prof, c'est de viser
la fréquence d'un cours d'une heure toutes les 2 semaines s'ils sont adultes, et de prendre un
cours d'essai avec plusieurs profs puis de continuer avec celui avec lequel le courant passe le mieux.
Enfin, sachez que même prendre quelques cours ponctuels est en général bénéfique pour votre progression :
de nombreux autodidactes que j'ai eu comme élèves m'ont affirmé après le premier cours qu'ils avaient plus
appris en une heure de cours que seul en plusieurs années.
Le but premier des réseaux sociaux est d'attirer votre attention pour vous montrer
de la publicité, et (malheureusement) pas de vous faire progresser en guitare.
Avec internet et encore plus avec les réseaux sociaux, gérer son attention
est devenu un vrai défi.
Plus vous arriverez à ne pas vous laisser perturber, meilleure sera votre progression.
Les réseaux sociaux sont aussi assez redoutables pour votre ego et lui font en général
passer un mauvais moment, surtout si vous faites défiler des vidéos de guitaristes ultra-doués.
Mettez votre téléphone de côté, laissez-vous le temps de vous ennuyer...
Et ayez le bon réflexe de prendre votre guitare lorsque vous vous ennuyez.
C'est une chose que j'ai observée sur moi-même et sur mes élèves aussi : la progression en prend
un gros coup lorsqu'on passe d'une fréquence de travail de "tous les 2 jours" à "tous les 3 jours".
Je n'ai pas l'explication scientifique à ça, mais je pense que c'est beaucoup lié au fait
qu'en travaillant au moins tous les 2 jours, quand vous prenez votre guitare vous vous rappelez bien de
ce que vous avez fait l'avant-veille (apparemment beaucoup mieux que si c'était l'avant-avant-veille).
La durée de travail n'importe pas beaucoup et doit surtout être choisie par rapport à
la quantité des choses que vous travaillez. Partez néanmoins sur une durée minimale de 15 minutes.
Dans certains cas, travailler 4-5 minutes plusieurs fois par jour peut être encore plus bénéfique,
surtout si vous travaillez des exercices "réflexes" comme des exercices techniques ou des gammes.
Si votre guitare est en permanence à portée de main, vous en jouerez plus souvent.
C'est tellement vrai que des méthodes d'enseignement qui ont fait leurs preuves insistent
sur ce point.
Votre guitare peut être accrochée au mur, ou sur un trépied à côté de votre bureau,
et si vous craignez qu'elle ne prenne la poussière vous pouvez aussi la laisser debout, dans sa housse
à moitié ouverte.
Si votre guitare est dans un placard, dans sa housse fermée et dans une autre pièce, vous
y penserez moins souvent et aurez moins la motivation d'aller la chercher :
vous savez ce qu'il vous reste à faire.
Nous avons tous et toutes des emplois du temps chargés et des contraintes.
Il est donc vraiment important de vous trouver un ou plusieurs moments dans la journée
qui est adapté à la guitare et qui est "votre moment". Évitez donc les moments où vous êtes
épuisé, stressé, endormi, pressé.
Ce moment peut être le matin au réveil, ou juste avant d'attaquer la journée de travail,
ou avant le repas de midi, ou avec le café d'après-repas, ou en rentrant du travail, ou avant de se coucher...
Bref vous voyez l'idée.
N'hésitez pas à essayer plusieurs moments pour voir lequel fonctionne le mieux pour vous. Cela demande un peu d'organisation, mais quand ce moment fera partie des bouffées de bonheur de votre quotidien, vous serez ravi... Et votre progression en guitare s'en verra décuplée.
Le plaisir c'est le carburant de la motivation. Le plaisir
doit donc avoir une place centrale dans votre routine de travail : est-ce le cas pour vous ?
Posez-vous cette question.
Ce sera à vous de choisir avec précision quelle importance vous donnez au plaisir lorsque
vous jouez de la guitare. Si progresser vite n'est pas une priorité pour vous,
par exemple si vous souhaitez simplement maintenir votre niveau ou avoir une approche
musicothérapeuthique, le plaisir sera la clé de votre pratique.
Si au contraire ça n'est pas prioritaire mais que vous souhaitez progresser vite,
vous pourrez être moins exigeant sur ce point... Mais l'idéal sera bien sûr de trouver des exercices
difficiles ET amusants à la fois.
Le plaisir doit aussi être présent durant les cours si vous prenez des cours de guitare.
Je vous conseille d'être exigeant sur ce point pour choisir votre prof, et
si vous prenez déjà des cours mais que le moment du cours n'est vraiment pas agréable pour vous,
de changer de prof.
J'ai rédigé une page complète sur ce sujet tellement je le trouve important, elle s'intitule
Comment prendre du plaisir quand on joue de la guitare ?. J'en parle aussi de façon très détaillée dans la formation pour enseignants
Formation pour enseignants : le métier de prof, mais qui elle vise surtout les enseignants ou les enseignants en devenir.
Les dates limites ou "deadlines" sont des atouts considérables pour progresser en guitare. Ces dates limites peuvent être :
En résumé, n'importe quel évènement qui vous oblige à travailler la guitare est bon.
Les personnes qui n'ont pas de date limite progressent peu, et ce sont d'ailleurs la majorité
de mes élèves lorsqu'ils commencent les cours avec moi. Devinez donc ce que je fais ? Je leur
donne des dates limites (en plus de celles que constituent les cours).
Si vous arrivez à vous imposer des dates limites, par exemple en choisissant une date
pour un concert avec votre groupe, votre progression n'en sera qu'améliorée.
Pour apprendre et comprendre le vocabulaire de l'improvisation, il faut écouter beaucoup d'improvisateurs
et d'improvisatrices. Oui, mais...
Écouter une playlist d'artistes dont on ne regarde pas les noms
sans jamais écouter deux fois la
même chanson ne vous aidera pas à améliorer votre oreille analytique, et c'est pourtant celle qu'il faut
bien développer en tant que musicien.
Écouter une même musique ou un même album en boucle est extrêmement bénéfique pour progresser
en improvisation. Et quand je dis "en boucle", je veux dire pendant plusieurs semaines, et au minimum
une vingtaine de fois.
Les moments de mon parcours où j'ai le plus progressé sont clairement ceux où j'ai écouté certaines musiques
ou certains artistes en boucle.
J'ai même passé presque 5 ans à écouter presque uniquement Django Reinhardt !
Voici certains artistes dont j'ai écouté les musiques plusieurs milliers de fois, par ordre
chronologique dans mon parcours musical.
Cette liste est juste là pour vous donner des idées, mais je pense sincèrement que votre choix d'artiste n'a pas beaucoup d'importance : ce qui est important c'est d'écouter les mêmes musiques en boucle, pendant longtemps, et avec une écoute active (j'explique ça plus bas dans cette page).
Les formations en ligne sont de plus en plus nombreuses. Certaines sont très bien faites,
et les stratégies marketing des personnes qui les vendent sont de mieux en mieux ficelées :
on finit presque par penser qu'en les achetant on va instantanément progresser.
Oui, mais la surabondance d'information est un gros frein à la progression : plus vous avez de conseils
et de pistes de travail, moins vous saurez où aller.
Ce que je suggère donc aux personnes qui achètent mes formations,
puisque vous savez que je produis moi-même des
formations,
c'est d'en acheter au maximum une tous les
deux mois. Rester focalisé sur peu d'exercices pendant plusieurs semaines est souvent la clé
de la réussite pour progresser.
S'il y a une chose à retenir sur ce point, c'est que le geste d'achat d'une
formation ne vous fera pas progresser. En revanche, travailler quelques
conseils promulgués dans une formation qui vous plaît vous fera sans doute progresser.
Relever une improvisation consiste à
Retrouver une mélodie d'oreille sur la guitare (celle du solo) ainsi que les rythmes, les accords joués par les accompagnateurs
mais aussi les effets, inflexions, attaques...
Comme c'est un exercice difficile, vous pouvez commencer par des improvisations simples déjà retranscrites.
J'en ai publié plein sur
ma chaîne Sounslice,
comme le solo de Django Reinhardt sur
Lentement Mademoiselle.
Vous pouvez aussi aller faire un tour sur le site de
Gilles Réa qui est un guitariste, prof et excellent
transcripteur.
Vous trouverez facilement de très nombreuses transcriptions sur internet... Et la majorité est malheureusement de piètre qualité. Une bonne transcription contient le nom des accords joués dans l'accompagnement (et non tirés d'un Real Book par exemple) et les bonnes notes avec les bons rythmes bien sûr. S'il s'agit d'une tablature, il faut qu'elle soit jouable à la guitare. Si vous trouvez des erreurs dans une transcription, évitez les autres transcriptions du même auteur.
Comme je le disais, simplement rejouer une transcription d'improvisation est un très bon exercice
si vous essayez de comprendre ce qui se passe dans la tête de la personne qui a improvisé :
si vous pensez la même chose quand vous jouerez il sera sans doute plus facile
d'avoir un son qui s'en approche.
L'erreur la plus courante concernant la transcription, c'est de vouloir retranscrire un solo complet :
c'est souvent trop long et on se décourage bien avant la fin : donnez-vous un objectif de quelques mesures
retranscrites seulement.
La transcription, lorsqu'elle est faite de façon approfondie, est un exercice difficile, mais
essentiel pour l'improvisateur confirmé. Voici les points qui selon moi constituent
une transcription approfondie, et que je vous conseille vraiment de les suivre si vous en avez le courage.
Ces points me paraissent importants mais il y en a d'autres : il n'y a pas de limite à la précision avec laquelle vous pouvez analyser une improvisation.
Le fait que vous sachiez jouer de la guitare vous donne la possibilité de créer facilement des moments musicaux
dans votre vie, sans pour autant que ce soit un concert.
Vous vous levez le matin est prenez votre café au soleil ? Pourquoi ne pas plaquer quelques
accords pour vous réveiller doucement.
Vous souhaitez endormir votre enfant, ou faire entendre votre guitare à votre nièce/petit-enfant/enfant d'ami ?
Hop, un petit air de guitare.
Vous êtes avec la belle famille et souhaitez fuir subtilement la discussion
sur la politique (ou bien l'accompagner en musique) ? La guitare est
votre alliée.
Ces moments-là ne sont pas des moments où vous avez toute l'attention, et c'est aussi ça qui est bien.
Vous pouvez tout autant jouer sans trop réfléchir qu'improviser de belles mélodies ou de beaux enchaînements
d'accords inspirés de la formation
Jouer seul en improvisant des cadences.
Ces moments que vous créez grâce à la guitare sont toujours des moments agréables et peuvent
facilement devenir de très bons souvenirs : ne les négligez pas.
Avec le temps, je me suis rendu compte que c'est une qualité qu'ont toutes les personnes
qui progressent vraiment vite : ils ne craignent pas de faire des erreurs.
Si vous observez des enfants apprendre (à parler, à marcher...) vous vous rendrez compte que s'ils
apprennent aussi vite c'est en partie parce qu'ils n'ont pas peur de se tromper. On pourrait dire que
ce sont, d'une certaine façon, des têtes brûlées de l'apprentissage.
Cet état d'esprit on le perd souvent en grandissant, et on a bien tort. On craint le regard des
autres si on fait une erreur, si on joue une "fausse" note par exemple. Ce que je dis souvent
à mes élèves, c'est que s'ils font des erreurs, c'est qu'ils essaient dur et donc qu'il progressent :
chaque erreur est une opportunité de s'améliorer, car une erreur est un élément tangible qui permet
facilement de progresser si on la corrige.
La phrase qui je trouve résume bien ce conseil est "si vous faites des erreurs
(et que vous vous en rendez compte) c'est que vous progressez".
Si vous faites des erreurs
c'est que vous progressez
Ce point est difficile à travailler car lutter contre ces codes sociaux ancrés en nous depuis toujours n'est pas évident. Ce que j'ai observé, c'est que vous trouvez régulièrement entouré de personnes avec qui vous vous sentez à l'aise et n'êtes pas gêné de vous tromper est une bonne façon de prendre confiance en vous. C'est le rôle que je prends souvent avec mes élèves, en particulier ceux qui sont très timides, et fais tout pour leur faire oublier la prétendue gravité de l'erreur : je ne réagis pas impulsivement s'ils se trompent, je leur notifie quand moi aussi je me trompe etc.
Une des raisons les plus fréquentes à la stagnation, c'est de ne pas savoir où aller.
Concrètement, que souhaitez-vous améliorer dans votre jeu de guitare ?
De quel improvisateur souhaitez-vous vous inspirer un peu plus ?
Ce sont des questions essentielles, mais leur réponse est souvent très difficile
à trouver et peut prendre des années avant de se dessiner.
Si vous prenez des cours, le prof est là pour vous aider à avoir des objectifs moyen-terme qui sont
en lien avec vos aspirations à long terme. Il peut parfois même trancher en prenant des
choix pour vous, et ce n'est pas forcément mal car il vaut parfois mieux suivre une voix
suggérée par quelqu'un d'autre que de vouloir à tout prix créer la sienne : ça permet d'éviter de
faire du sur-place.
Savoir quelle direction on souhaite prendre, ou plutôt savoir pourquoi on joue
de la guitare n'est pas un point crucial et n'est pas indispensable pour savoir qu'on aime
jouer de la guitare. Cela dit, c'est important d'y réfléchir de temps en temps, ça vous évitera
de prendre des directions qui ne vous correspondent pas. Et si vous n'avez vraiment aucune idée de pourquoi
vous jouez de la guitare... Je vous conseille encore plus d'y réfléchir.
Aujourd'hui, les outils technologiques qui sont à notre disposition nous permettent en quelques secondes
de nous enregistrer, et se filmer ou s'enregistrer a une quantité de bienfaits incommensurables.
Absolument, incommensurables.
En voici les principaux bienfaits selon moi :
Si vous vous enregistrez souvent, c'est à dire plusieurs fois par semaine, vous ne vous verrez pas progresser : une progression visible se compte en mois ou en années, et non en jours. Si vous vous enregistrez trop souvent vous ne vous verrez donc pas progresser d'une fois sur l'autre : essayez donc de ne pas en abuser. Une vidéo par mois est un bon rythme.
Avoir du recul sur ce que vous jouez est sans doute le plus important : lorsque vous jouez
vous ne vous écoutez pas beaucoup, car la majorité de votre concentration sert justement à créer
ce que vous êtes en train de jouer. C'est d'ailleurs pour cette même raison que vous vous décalez parfois dans la grille,
ou n'entendez pas les autres musiciens, ou n'entendez pas que vous êtes désaccordé.
Vous entendre jouer comme si vous étiez votre propre spectateur est une superbe opportunité que nous
permet la technologie actuelle, alors profitez-en !
Désensibiliser son ego est aussi une des conséquences les plus bénéfiques de cet exercice, et les
répercussions en seront multiples : dès qu'on discute entre musiciens, notre ego vient souvent
s'immiscer dans la discussion et la rend vite désagréable, vous l'avez peut-être vécu à de nombreuses reprises.
Très peu de personnes arrivent à faire cet exercice,
même s'il n'est pourtant pas difficile à faire techniquement puisqu'aujourd'hui
nous avons tous et toutes un téléphone portable dans la poche.
Mais pour quelle raison est-ce donc si difficile ? ... L'ego.
Comme je ne peux pas vous demander (comme je le demande parfois à mes élèves) de vous filmer, ce sera
à vous de trouver le courage nécessaire pour vous filmer puis vous écouter
mais croyez-moi, ça en vaut vraiment la chandelle. Je fais cet exercice moi-même
depuis bientôt 15 ans et cette méthode porte vraiment ses fruits.
En tant que musicien et en particulier lorsqu'on est autodidacte on se sent
souvent perdu dans l'immensité des choses possibles à travailler à la guitare. Merci Youtube.
Dans ces situations, garder en tête un objectif, un azimut, s'y tenir et avancer dans cette direction
pendant plusieurs mois est la bonne chose à faire. A contrario, faire la "girouette" en changeant
toutes les semaines d'exercice ne fait pas autant progresser : on fait un peu de tout mais on ne progresse
en (presque) rien.
La bonne approche est donc plutôt de garder un cap pendant plusieurs mois, et ensuite seulement de changer un peu de cap.
Cela demande une certaine force mentale qu'on pourrait assimiler à de l'entêtement mais ne vous
détrompez pas, ça n'en est pas. D'ailleurs, si vous prenez des cours de guitare votre professeur
vous aidera à garder cet azimut car vous devrez faire des exercices d'un cours sur l'autre.
Une bonne façon d'arriver à garder un azimut est de tenir à jour un cahier de bord en notant les
exercices qui vous inspirent : limitez-les dans leur nombre et noter quand vous les faites, en les faisant au minimum
2 semaines durant.
La raison pour laquelle je vois certains de mes élèves doués et d'autres moins doués est
beaucoup liée à la façon dont ils écoutent la musique. Et la bonne façon d'écouter de la musique
si vous voulez progresser dans votre instrument, c'est l'écoute active.
Avoir une écoute active, c'est écouter non pas la musique de façon globale, mais plutôt
en cherchant à percevoir tous les détails que vous pourrez y trouver.
Parmi les nombreuses questions
qui pourraient guider votre écoute, en voici quelques-unes qui vous aideront à avoir une écoute active
des morceaux que vous écoutez :
Lorsque j'ai commencé la guitare j'ai progressé très vite, et c'est en bonne partie parce que
j'écoutais 2 CDs du groupe Queen (Greatest Hits I & II) en boucle, en prenant plaisir à rechanter
les parties de tous les instruments, les secondes voix, les paroles et effets vocaux...
Et comme les morceaux de Queen ont beaucoup de contrechants et de variations harmoniques (c'est sans
doute pour ça que j'aime autant leur musique d'ailleurs) je pense
avec le recul que c'était un excellent exercice.
Sachez que malgré ça, il faut aussi développer la capacité à écouter la musique de façon globale, car
c'est de cette façon que l'immense majorité des gens, c'est-à-dire les gens qui vont
vous écouter jouer, écoutent la musique.
Quand vous jouez, soyez présent mentalement et
ne faites rien que vous ne compreniez pas ou ne ressentez pas. Par exemple, passer du temps
à jouer mécaniquement des choses que vous connaissez par cœur, ou jouer en regardant la télé,
sauf dans certains cas rares, ne vous fera pas progresser.
Être présent, cela veut dire savoir exactement ce que vous faites à chaque instant. Un exemple d'erreur courante
qui illustre bien ce propos et que je vois souvent auprès de mes élèves,
c'est de jouer des arpèges rapidement en se trompant une fois sur deux
ou sans être capable de les jouer lentement. Si vous faites ces erreurs, c'est que vous ne pensez
pas à chaque note que vous jouez, c'est-à-dire que vous ne les visualisez pas précisément.
Pour régler ce problème, jouez lentement en pensant à chaque note ou chaque accord.
Vous pouvez aussi jouer vos mélodies à un seul doigt pour vous assurer que vous visualisez
bien votre manche et ne vous fiez pas à des réflexes digitaux pour jouer vos arpèges, gammes ou mélodies.
L'idée derrière la phrase "comprenez ce que vous faites" est la suivante :
si vous savez ce que vous jouez et comprenez le principe ou la notion sous-jacente, vous pourrez
réutiliser ça à volonté.
Concrètement, cela veut dire savoir quel est le nom de l'accord que vous jouez, savoir sur quelle
gamme ou tonalité vous êtes, savoir si vous jouez un arpège, un chromatisme ou une gamme,
et vous pouvez même aller plus loin en essayant de connaître le rôle de la note que vous jouez
ou même son nom.
Prenons un exemple : un accord 7. Vous connaissez une position de cet accord et savez la
décaler pour obtenir un C7, D7 etc. Vous savez que vous pouvez par exemple lui
rajouter une neuvième majeure (9M). Si vous voyez un Eb79, il s'agit de cet accord joué à la case 6.
Vous savez donc ce qu'est un accord 7 et pouvez le jouer sur n'importe quel morceau à
n'importe quelle case : vous pouvez réutiliser ce savoir parce que vous le comprenez.
Un autre exemple ? Très bien.
Vous improvisez sur les accords Dm A7 qui tournent en boucle. Savoir qu'il s'agit des
accords I et V dans la tonalité de Dm, que ça s'appelle une cadence parfaite (mineure), que vous pouvez utiliser la gamme
de Ré mineur harmonique pour improviser dessus, ou même insister sur les notes de Dm (Ré Fa et La) et de
A7 (La Do# Mi Sol) au moment où ces accords sont joués, avec même la possibilité de jouer la b9 de A7 (Sib)
pour ajouter une couleur intéressante...
Savoir tout ça vous permettra de faire la même chose à chaque fois que vous rencontrerez une
cadence parfaite mineure : vous aurez juste à vous adapter à la tonalité.
J'ai vu de nombreux élèves être doués en musique, avoir une bonne oreille et un bon feeling,
mais à cause de leur manque de connaissance ils étaient cantonnés à un niveau intermédiaire
et c'est dommage.
La théorie musicale doit être là pour servir notre niveau musical, c'est son but premier (et c'est
toujours dans ce but que je l'aborde sur mon site d'ailleurs).
S'en servir pour comprendre ce qu'on fait ou ce que d'autres musiciens font est crucial
pour progresser en improvisation.
Ce point est particulièrement important pour les musiciens autodidactes qui ont tendance
à stagner. Il s'agit d'un exercice que j'ai développé à force d'observer mes élèves... Mais
aussi à force de m'observer pendant les périodes où mon niveau stagnait.
Très souvent, quand on prend la guitare pour jouer, on passe du temps à jouer beaucoup de choses
qu'on connaît, "pour s'échauffer". Au bout de quelques dizaines de minutes la vie nous rattrape et
il y a quelque chose à faire qui nous oblige à arrêter, et au final, on ne progresse pas vraiment.
L'idée pour pallier ce problème est simple :
Ne travaillez pas
ce que vous savez déjà faire
Ne travaillez pas ce que vous savez déjà jouer : ça ne vous fera pas progresser.
Vous pouvez donc oublier l'idée de l'échauffement obligatoire, des 3 morceaux que vous jouez avant de
"vraiment jouer" ou encore du "temps de chauffe" dont votre cerveau (diesel ?) aurait besoin.
Concrètement, cela veut dire que dès la première seconde où vous touchez la guitare,
vous jouez quelque chose que vous ne savez pas encore bien jouer. Ça demande du courage
et de la motivation parce que vous allez passer beaucoup de temps à vous entendre jouer des choses
que vous jouez mal, mais vous allez vraiment progresser plus vite, vous pouvez me croire.
Une des idées répandues qui nous rend cet exercice difficile, c'est qu'on croit souvent
qu'il faut entretenir son répertoire de morceaux qu'on connaît sinon on ne saura plus les jouer.
Cette idée reçue est basée sur l'idée que notre mémoire serait comme un disque dur qu'il
faudrait nettoyer de temps en temps, ou une bibliothèque qu'il faudrait dépoussiérer... Mais
le cerveau ne fonctionne pas comme ça.
Ce que je vous suggère plutôt, si vous voulez vraiment améliorer vos capacités d'apprentissage
et mémoriser plein de morceaux, c'est de faire exprès d'attendre plusieurs mois pour "oublier"
vos morceaux préférés puis de les apprendre à nouveau. Si vous avez le courage de répéter
ce processus 3 ou 4 fois, vous verrez qu'il ne vous faudra au final que quelques minutes
voire quelques secondes pour vous en rappeler.
Je ne détaille pas trop tous les processus de mémorisation qui se mettent en œuvre pour
mémoriser un morceau, mais j'en parle en détail dans la formation
Apprendre 30 standards de jazz si ça vous intéresse.
Pour citer un exemple personnel, je connais aujourd'hui plus de 100 standards jazz par cœur (mélodie
+ grilles d'accords), dont certains que je joue très rarement. Et ça n'est pas parce que j'ai une mémoire
hors pair, mais simplement parce que j'ai fait les bons exercices pour y parvenir.
J'aurais sans doute dû commencer par ce point, mais si je l'avais fait vous ne m'aurez sans doute pas pris
au sérieux. Eh oui : pour apprendre à improviser, il faut passer beaucoup de temps à improviser.
Si votre plan de travail est bien défini et que vous êtes bien organisé et faites de bons
exercices en étant bien concentré, votre progression en improvisation sera directement liée au temps que
vous passez à improviser.
Certaines personnes ont tendance à toute faire (inconsciemment) pour fuir ce moment,
souvent par peur de ne pas être bon, ou ne pas être doué, ou faire des fausses notes...
Si ça vous parle et que vous pensez avoir du mal à passer du temps à improviser chez vous,
ça peut donc être intéressant de noter le temps que vous passez réellement à improviser.
Cela vous permettra d'avoir une idée plus précise de votre pratique,
et ça vous aidera peut-être à réaliser à quel point vous évitez ce moment.
Pour apprendre à improviser
il faut improviser
Ce dernier conseil s'adresse aux personnes qui ont déjà de l'expérience dans l'apprentissage
de la guitare, mais aussi à celles qui aiment avoir une approche personnalisée de leur
apprentissage.
Chacun d'entre nous est unique dans sa façon de percevoir la musique, de la concevoir,
d'apprendre, de mémoriser, d'organiser son travail, de gérer son emploi du temps ou encore de vivre
ses émotions. L'idéal est donc de vous concevoir une méthode d'apprentissage unique, basée
sur votre connaissance de vous-même.
Et pour se connaître, il faut s'écouter : c'est d'ailleurs le point essentiel de ce conseil.
Vous êtes plutôt du matin ou du soir ? Vous mémorisez plus facilement en écrivant ou en chantant
ou en parlant ? Vous voyez la pratique de la guitare comme un moment de détente ou de thérapie ou
d'aventure ou encore de performance ?
Toutes ces choses qui vous définissent doivent vous servir à améliorer petit à petit votre
méthode pour atteindre les objectifs que beaucoup d'entre nous recherchent :
progresser le plus possible et prendre le plus de plaisir possible (en travaillant le moins possible).
Si vous êtes assez motivé pour essayer d'appliquer ce dernier conseil, le travail de
la guitare prendra une dimension encore plus intéressante.
J'espère que ces conseils vous auront aidé à progresser et améliorer votre méthode de travail. Je développe des sujets connexes dans les formations Travailler efficacement et progresser et dans les formations pour enseignants : Formation pour enseignants : le moment du cours et Formation pour enseignants : le métier de prof.