Cette page vous intéressera certainement si vous souhaitez composer dans le style Hard Rock.
Je composerai ici un morceau en décortiquant chaque étape, pour que vous suiviez bien mes
intentions et que vous compreniez tout.
L’intérêt pour vous, c’est d’observer comment on peut composer un morceau du début à la fin, et
de vous donner un exemple dont vous pourrez vous inspirer. Je sais bien qu’en tant que débutant,
on se dit souvent "j’aimerais bien composer, j’ai des idées, mais je ne sais pas du tout comment
on fait". J’espère qu’après avoir lu cette page, vous ne direz plus cela.
Pour composer ce morceau, que j’ai intitulé "GI Rocks", nous commencerons par un riff de guitare.
Voici l’ordre dans lequel on écrira la musique.
Une des choses très importante à comprendre dans le Hard Rock, c'est l'importance des silences. Ce qui fait qu'un riff de Hard Rock sonne, c'est qu'il respire, c'est à dire qu'il contient des silences. C'est en ayant cette idée en tête en permanence que vous arriverez à jouer un riff sympa.
Un riff efficace doit être simple, aéré et puissant (traduisez "puissant" par "joué en powerchords").
J'ai choisi de faire un riff simple en Ré mineur, avec les accords Dm et C, joués en powerchords,
donc sans tierce.
Tous les extraits sonores de cette page sont des sons midi de qualité très médiocre. Pour savoir pourquoi j’ai fait ce choix, allez en bas de la page, où vous trouverez également le morceau final joué avec de vrais instruments.
Ce riff est efficace, certes, mais assez sommaire. On va rajouter quelques éléments pour le rendre un peu plus intéressant. D'abord, une relance en fin de première mesure et en fin de troisième mesure. On ne met pas cette relance à toutes les mesures, ça ferait trop lourd. Ensuite, une relance pour boucler le riff. C'est un peu une façon de dire "le riff est arrivé à sa fin, je recommence". Cette relance est une noire pointée, et c'est très efficace puisque ça surprend (par exemple, une noire aurait sonné très "plat", on s'y serait attendu, alors que pour la noire pointée, on est surpris, et c’est ça qui fait que ça sonne bien).
Remarquez que le riff contient un silence particulièrement long à la fin de la mesure 2, et c'est essentiel de ne pas remplir ce silence. C'est d'ailleurs le passage du riff que vous préférerez peut-être (en tout cas moi, c'est mon passage préféré).
Oula, mais moi je peux pas écrire un riff comme ça !
C’est en essayant encore et encore que vous arriverez à écrire un riff qui vous convient. Ecoutez les riffs les plus célèbres, jouez-les, essayez de trouver ce qu’ils ont en commun. C’est comme cela que vous arriverez à composer des riffs de Hard Rock.
La meilleure façon pour apprendre à écrire une ligne de basse, c'est de faire de la basse, ou de
faire systématiquement attention à la ligne de basse lorsque que vous écoutez un morceau. La basse
joue un rôle fondamental dans le morceau : c'est la fondation harmonique et rythmique (à nuancer
en fonction des styles de musique bien sûr).
Une erreur assez fréquente chez les guitaristes est d'écrire une ligne de basse trop remplie, avec
plein de notes. Rappelez-vous toujours qu'une basse n'est pas une guitare, et qu'être un bon
guitariste ne veut vraiment pas dire être un bon bassiste.
Pour savoir quelles notes jouer, il faut savoir quels accords sont joués. Ici, ce sont les accords
D5 et C5, la tonalité du morceau étant Ré mineur. Dans le rock comme dans beaucoup d'autres styles
musicaux, la basse se contente de jouer les toniques des accords. Elle brode parfois autour bien
sûr (heureusement sinon ça serait ch**** d'être bassiste) mais ça n'est pas le propos ici :
contentons-nous de faire simple et efficace.
Voici une ligne de basse qui accentue les temps importants, qui est cohérente avec le riff de
guitare et qui décrit une mélodie à elle seule (une mélodie simple, je vous l'accorde).
Pour illustrer mes propos quand je parle de ligne de basse trop remplie, voici un exemple à éviter.
Pour l'introduction, le batteur se contentera de jouer la caisse claire sur les 2 et 4, rien d'autre. C'est extrêmement efficace et très utilisé dans le Hard Rock (écoutez les intro d’ACDC ou d’autres groupes de Hard Rock).
Si vous ne connaissez pas trop les éléments essentiels d'une batterie, le dessin suivant et le son correspondant vous aideront certainement.
Mais comment j’aurais pu savoir que cette rythmique de batterie aurait sonné ?
La réponse est simple : en écoutant du HardRock. Les temps qu’accentue la batterie en tapant sur la caisse claire sont le deuxième temps et le quatrième temps. Plutôt que de faire tout de suite la rythmique de batterie complète, on ne joue dans l’introduction que les coups sur la caisse claire.
Il est important de bien choisir la façon dont on débute un morceau, et l’ordre dans lequel les
instruments entrent (lorsque les instruments entrent un par un).
Notre introduction se déroulera comme cela.
Voilà, notre introduction est faite.
Nous voilà à la partie la plus délicate de la composition.
Un thème, c'est très important puisque c'est ce que les auditeurs écouteront le plus. Le thème doit
donc être beau, compréhensible, intéressant, efficace, un peu tout ça à la fois (libre à vous de
choisir votre ordre de priorité de ces adjectifs).
Ce que je vous conseille pour trouver un thème, c'est de faire tourner le riff et de chanter une mélodie
par-dessus (ou de la jouer). Dès que vous avez une mélodie qui vous plait, écrivez-la, ce sera votre thème.
Pour le choix des notes, on peut se contenter ici aussi bien de la gamme blues de Ré que de la gamme
mineur de Ré. Je vous conseille d'utiliser comme notes importantes les notes de la gamme blues, et
d'utiliser les notes de la gamme mineure de Ré comme notes de passage.
Voici le thème que j’ai composé.
Le thème se base sur un arpège de l’accord de Dm et est joué avec un rythme un peu différent de celui
de la rythmique.
Ce thème sonne bien mais il est un peu plat. Je vais lui rajouter quelques fioritures et quelques
effets qui vont le rendre plus intéressant, plus musical.
Les fioritures que j’ai rajouté sont :
Le thème sera joué par dessus le riff que tiendra la guitare rythmique.
La basse fera presque la même chose que dans l'introduction. La deuxième note jouée sera tenue un
temps entier plutôt qu’un demi-temps, pour donner plus d’assise et ne pas garder l’aspect "saccadé"
qui était présent dans le riff.
La batterie fera une rythmique de rock standard.
Bon, mon riff est sympa, ok, mais si je fais un morceau juste avec ce riff, ça va sonner très répétitif. C'est fréquent d'écrire un second thème (on dit souvent "thème B" par opposition au premier thème "thème A"). Ce deuxième thème devra répondre au premier, autrement dit avoir quelque chose de différent, de nouveau.
Comme mon thème A est assez énergique, je choisi d’écrire un thème B qui contraste en terme d’énergie.
Je vais donner un effet de ralenti, par exemple en jouant des accords tenus à la guitare. La mélodie
suivra la même logique : elle jouera des notes tenues.
Pour ce qui est du choix des accords, je vais aussi créer un contraste. Le thème A était en Dm, avec
les accords joués Dm et C. Le thème B restera en Dm, mais je jouerai d’autres accords que Dm et C.
Le dernier accord que je jouerai sera l’accord A : cela fera une cadence parfaite et le thème A
reprendra avec d’autant plus d’énergie. Je choisi de jouer un accord toutes les deux mesures. La suite
d’accord que je choisi est G5, F5, G5, A.
L’accord A n’est pas rigoureusement dans la gamme de Dm, c’est un emprunt à la gamme mineure harmonique de Ré.
Pour enrichir un petit peu l’aspect rythmique, je décide d’anticiper d’une croche un accord sur deux.
Pour le thème B, voici la mélodie que je propose.
La basse double la guitare rythmique et la batterie fait comme si la pulsation était réduite de moitié, ça donne un effet de ralenti. Tout cela avec une dernière mesure de croches, pour reprendre le thème A à fond !
Attention, la basse est écrite en clé de Fa, pas en clé de sol. Ce qu'on lirait "si" en clé de sol est un "ré" en clé de Fa.
Le morceau est composé du début à la fin, il ne reste plus qu’à choisir l’ordre d’enchainement des thèmes. Voici une proposition de structure assez courante.
C’est la structure la plus utilisée dans le jazz et dans beaucoup d’autres musiques. Elle est efficace pour plusieurs raisons :
Cette structure vous paraitra peut-être trop sommaire. Pour créez vos propres variantes, voici quelques suggestions:
Vient le moment des partitions, lorsque le morceau est entièrement composé. Les voici.
Jusqu’ici, vous avez subit des aperçus de sons au format midi, qui sont sur mon ordinateur (et
peut-être sur le votre aussi) d’une qualité abominable. C’est par choix que j’ai mis ces sons
horribles. Si j’avais mis de vrais sons d’instruments, vous auriez trouvé vos sons moins bons et
vous auriez peut-être été déçus que ça sonne moins bien avec votre guitare.
Même lorsque votre morceau est bien ficelé et écrit du début à la fin sur votre éditeur de tablatures,
il ne sonnera pas exactement comme vous l’attendiez, et cela pour plusieurs raisons.
Dans un premier temps, les sons midi par défaut, qui sont très simples, interagissent entre eux d’une
manière différente que le font de vrais instruments. Par exemple, une tierce majeure tenue entre un
instrument X et un instrument Y sonnera peut-être disgracieuse parce que le timbre de ces deux
instruments ne se mêlent pas bien sur votre ordinateur. Ils se mêleraient peut-être bien mieux avec
de vrais instruments.
Aussi, l’interprétation joue un grand rôle dans la qualité musicale d’un morceau. Par exemple, pour
faire un morceau syncopé qui groove (funk par exemple) rien ne vaut un vrai batteur. De même, Un riff
de guitare Hard Rock sera certainement moins bien joué par un éditeur de tablature que par Angus Young
(si vous connaissez un éditeur de tablature qui joue mieux que Angus Young, vous pouvez me contacter à la page
Contact).
C’est pour toutes ces raisons que tant qu’on n’a pas fait jouer entièrement une composition par un groupe,
on ne peut pas savoir exactement comme elle va sonner. Ce qui est important à retenir, c’est que si votre
composition sonne mal sur l’éditeur de tablature, le problème ne vient pas forcément de vous !
Voici le rendu final, avec des vrais sons sympas et des vrais instruments (exceptée la batterie).