L'improvisation a la part belle en rock ! Dans ce style de musique,
le moment du solo rock est un moment
clé et caractéristique qui peut immortaliser un titre, et les solos de rock mythiques se comptent
à la pelle : Hotel California, Sweet Chile O'Mine, Smoke on the Water, We Will Rock You,
Stairway to Heaven, Free Bird et j'en passe.
Dans cette page nous allons voir comment aborder ça tranquillement, pour peut-être un jour être capable
de créer nous-mêmes des solos qui rentreront dans l'histoire. Voici la structure de cette page :
Dans cette page on va parler d'improvisation rock, mais le terme "rock" fait référence à des
musiques très variées, et il ne veut d'ailleurs plus dire aujourd'hui ce qu'il voulait dire dans les années
70. Elvis Presley, c'est du rock ? Iron Maiden, c'est du rock ? André Rieu, c'est du rock ? (bon, André Rieu peut-être pas)
Dans cette page je vais faire référence à un style de rock qui va, disons, des Rolling Stones à Scorpions. Ce sont
des styles de rock dans lesquels la guitare a presque toujours un son saturé et où les
guitaristes solistes ont un rôle important : Queen, Led Zeppelin, Pink Floyd, ACDC, Les
Rolling Stones, les Guns N' Roses et Scorpions.
Je préfère donner des noms de groupe pour vous donner une idée globale, mais vous savez
sans doute que la notion de "style musical" est très poreuse, et que tous les styles
s'influencent et se mélangent. Par exemple, savez-vous que Angus Young de AC/DC a
comme phrase signature une phrase repiquée à Chuck Berry, qu'il a lui-même repiqué au
guitariste de blues Muddy Waters ? On verra ça plus bas dans cette page.
Pour avoir un son rock, le matériel minimum requit est une guitare, de préférence en corps plein (solid body) et un système de son qui permet d'avoir une distorsion.
En rock, la guitare la plus utilisée et la plus versatile c'est la guitare solid body, qui n'a donc pas de caisse de résonance. Le modèle le plus connu est probablement la Fender Stratocaster, la guitare que Jimi Hendrix (et bien d'autres) ont rendue célèbre.
Stratocaster, Telecaster, Gibson SG, Gibson Les Paul, PRS, Vigier, Flying V... Le choix du modèle de guitare ou de sa forme est une question de goût, mais ce qui est important pour sonner rock et être polyvalent sont les choses suivantes :
Si vous achetez une guitare d'occasion, faites-vous accompagner d'un ami connaisseur
si possible. Et si vous achetez en magasin, demandez des conseils aux vendeurs, ils
sont là pour ça. Ah et j'oubliais ! Évitez d'acheter des guitares sur internet : les
raisons sont multiples, mais la principale c'est qu'acheter une guitare sans l'essayer
n'est vraiment pas une bonne idée.
Pour une guitare simple mais de lutherie correcte, vous pourrez trouver votre bonheur
pour 250-300 euros (en 2023). Si vous n'avez pas ce budget, optez pour une guitare d'occasion :
il sera facile de trouver de bonnes affaires car nombreux sont ceux qui achètent une
guitare mais finalement n'en jouent pas, donc la revendent pour s'en débarrasser.
Mais ce ne sera pas votre cas, n'est-ce pas ?
En occasion, vous trouverez des guitares correctes autour 100 euros si vous
cherchez bien. Et comme je le suggérais, acheter des guitares neuves à 100 euros
n'est vraiment pas une bonne idée.
Une guitare électrique doit être branchée à un ampli pour produire du son. Il faudra donc un câble jack, un ampli et un effet de distorsion. Voici différentes options qui s'offrent à vous.
Le combo, c'est l'option la plus courante chez le débutant : il s'agit d'un ampli "combo", c'est à dire d'un étage d'amplification et d'un haut-parleur, le tout en un seul bloc. Et en général, un ampli combo a une distorsion intégrée, qu'on appelle "canal saturé" à l'opposition du son clair ou "clean". Il s'agit souvent d'un bouton-poussoir indiqué "Drive" ou "Gain", mais parfois c'est aussi un potentiomètre qui permet d'augmenter progressivement le taux de distorsion (légère distorsion ou son "crunch" pour jouer des Rolling Stones, grosse distorsion ou "overdrive" pour jouer du Scorpions). Vous trouverez des informations complémentaires à ce sujet à la page Comment travailler son son de guitare ?.
Il est aussi possible de choisir l'option de la pédale de distorsion. Vous brancherez votre guitare dans cette pédale, que vous brancherez ensuite à un ampli réglé sur le son clair (parce qu'un son saturé qui serait saturé une seconde fois, ça ne sonnera pas si bien). L'intérêt de cette option c'est que vous pourrez choisir précisément la "couleur de la distorstion" , qui est propre à chaque pédale. Si vous êtes connaisseur cette option est intéressante, mais ça fait un budget supplémentaire. Ce que vous pouvez donc en déduire, c'est que lorsque vous achetez un combo, vous devrez vous assurer que la couleur de la distorsion vous plait et correspond aux styles de rock que vous aimez.
Le VST (Virtual Studio Technology) est en fait un ampli simulé dans votre ordinateur.
Cette option est intéressante dans certains cas, si vous jouez toujours à côté de votre
ordinateur ou que vous ne souhaitez pas déranger les voisins. Mais elle nécessite
d'avoir une carte son, et vous ne pourrez pas aller répéter ou faire un concert
si facilement (c'est faisable, mais plus compliqué qu'avec un ampli).
Si vous optez pour cette option, je vous recommande de prendre un très bon VST,
comme le "Plini" de Neural DSP, que j'utilise depuis longtemps et qui est excellent
et très versatile. Il coûte autour de 100 euros je crois, mais DSP fait souvent des offres
promotionnelles qui le font descendre parfois jusqu'à 50 euros. Je parle de ça en détail dans la vidéo
Ampli contre VST (plug-in).
Il y a d'autres options possibles, comme je l'explique dans la vidéo
Un exercice ultra complet avec Ableton Live (Ableton Lite est souvent
inclu si vous achetez une carte son Focusrite par exemple).
En rock, pour improviser, c'est assez simple en termes de gammes : on en utilise
principalement une seule, la gamme pentatonique mineure. Elle ne permet pas de faire des
mélodies très subtiles et recherchées, mais ça n'est souvent pas le brut premier
en rock : le moment du solo de guitare est en général un moment où on cherche à
faire monter l'énergie, pas à trouver une finesse mélodique. Et la gamme pentatonique
combinée à un son saturé est le combo gagnant pour ça !
Voyons comment
jouer cette gamme pentatonique mineure. On va jouer la pentatonique mineure de La,
à la case 5.
On peut aussi lui rajouter la "note blues", la quinte diminuée. Ça donne alors une gamme qu'on appelle la "gamme blues" et qui sonne... très blues ! Le rock s'étant développé dans les années 1960 et le blues dans les années 1920, vous comprendrez que le rock vient du blues.
Rien qu'avec ces informations, on peut déjà passer des heures à s'amuser à improviser. Apprenez un de ces diagrammes au point de le connaître par cœur, puis jouez les notes dans le désordre pour créer des mélodies variées, et enfin faites ça sur un backing track. Voici un exemple d'improvisation certes très simple, mais avec les bonnes notes et en rythme.
Et maintenant une courte liste de playbacks idéaux pour vous entraîner à improviser.
En rock (et je le précise car en blues c'est différent) la gamme pentatonique mineure permet de jouer sur des morceaux mineurs. Sur les morceaux majeurs on utilisera la même gamme, mais décalée (elle s'appelle en fait la "pentatonique majeure"). Si je vous explique ça d'une façon très simple, sur un morceau majeur, il faudra descendre de 3 demi-tons à partir de la tonique pour trouver la gamme pentatonique mineure à jouer. Par exemple :
Eh oui, Do descendu de 3 demi-tons donne un La ! Si vous ne connaissez pas bien vos
ton et demi-tons, vous pouvez partir de la tonique du morceau majeur sur le manche
de la guitare, décaler de 3 cases dans les graves, et vous avez trouvé votre position
de gamme pentatonique à jouer !
Dans la réalité, c'est un peu plus subtil que ça, et je vous conseille de passer un peu de
temps pour le comprendre. Le mot clé pour vos recherches sur ce sujet est "pentatonique
majeure", mais sachez que j'ai produit de nombreuses informations à ce sujet :
Penta majeure / penta mineure sur un blues et
La penta majeure en blues : 5 phrases faciles et efficaces sur Youtube, la page
La gamme pentatoniqueet les formations
Improviser sur des rythmiques simples et
AC/DC et les phrases rock par exemple.
Jouer avec une distorsion n'est pas de tout repos, ni pour vos oreilles... Ni pour celles de vos voisins. La distorsion qu'on aime utiliser en rock rend le son plus puissant, plus "gros" car plus compressé (au sens de la compression audio), et donc toutes les imperfections de notre jeu ressortent plus fort. Et ça peut être vraiment énervant, je le sais bien puisque je suis passé par là.
La solution est simple à comprendre, mais demande beaucoup de minutie. Il faut
étouffer en permanence toutes les cordes qu'on ne souhaite pas faire résonner, donc
toutes les cordes sauf celles qu'on joue. Voici comme procéder.
Avec la main qui appuie sur les cordes, on va étouffer les cordes aiguës avec nos
doigts, qu'on va faire exprès de faire traîner sur les cordes. On peut aussi étouffer
les cordes graves avec le pouce qui va venir toucher les cordes graves, mais sans
vraiment appuyer dessus. La position de la main doit être assez naturelle et ne pas
demander d'effort, voici une image pour illustrer ça.
Avec l'autre main, on va étouffer les cordes plus graves que celles qu'on souhaite jouer. On peut faire ça avec la tranche de la main, ou le côté du pouce, mais libre à vous de trouver une position qui vous convient. Oui oui, on étouffe une deuxième fois les cordes graves : on n'est jamais trop prudent. Ce que est important au final c'est que les cordes soient bien étouffées, et que vous soyez confortable.
Le petit secret supplémentaire que je vous conseille d'utiliser aussi, c'est de vous servir intelligement de vos déplacements de doigts pour étouffer les cordes. Par exemple, lorsque vous montez la gamme, vous pouvez faire exprès de laisser votre index toucher la corde plus grave que celle sur laquelle il est posé. Regardez l'animation qui suit, en observant attentivement mon index. Malin, n'est-ce pas ?
Ces informations peuvent être décourageantes, parce que si vous essayez d'utiliser
ces techniques pour la première fois, le résultat sera probablement médiocre.
Sachez qu'au début c'est difficile, mais ce que je vous conseille vraiment n'est
pas de chercher à maîtriser cette technique rapidement : c'est ce que j'ai fait
quand j'ai commencé la guitare, et c'était vraiment décourageant parce que le résultat n'est
pas immédiat.
Je vous conseille plutôt de l'essayer 5 minutes par jour pour vous y habituer, et
au bout de quelques semaines vous prendrez le réflexe de mieux positionner vos mains
lorsque vous entendrez des sons parasites. Et avec les années, naturellement, vous
gagnerez en précision.
Une autre chose qui est impressionnante, c'est qu'on ne se doute vraiment pas que
tous les bons musiciens de rock font ça lorsqu'ils jouent en live, parce que cette
technique ne se voit pas. Pourtant, si : tous les bons guitaristes de rock font
ça : Brian May, Angus Young, David Gilmour, Jimmy Hendrix, Jimmy Page... Pour vous
en rendre compte, visionnez quelques live de ces guitaristes et observez attentivement
la position de leurs mains.
Un autre guitariste, qui sort un peu du style de cette page mais qui est remarquable pour la qualité de son son, c'est Steve Vai. Voici une vidéo de concert :
Il existe d'autres raisons pour lesquelles vous pourriez ne pas avoir un bon son. Une de ces raisons, c'est le "buzz" permanent qu'on a souvent en son saturé. Sachez que je parle de ces sujets en détail dans la formation Comment travailler son son de guitare ?.
Prenez l'habitude d'observer les différentes techniques utilisées par vos guitaristes préférés lors de concerts. S'ils n'étouffent pas leurs cordes, c'est soit parce qu'ils jouent en playback, soit parce qu'ils utilisent un nœud pour cheveux positionné en bas du manche, soit parce qu'ils "trichent" en éditant leur piste audio.
Avec une seule gamme et un bon son, on peut déjà faire plein de belles choses en
rock. Pour que vos improvisations sonnent bien, je vous conseille vivement de faire
des aller-retour entre 2 types de jeu : avec et sans playback.
Jouer avec des playbacks vous obligera à jouer en rythme et à jouer des notes qui
sonnent bien avec la piste d'accompagnement. Et jouer sans playbacks vous permettra
d'avoir un bon son sans bruits parasites, et de chercher, trouver puis travailler
des phrases différentes de vos phrases réflexe.
Pour vous aider à comprendre et entendre ce qu'il faut faire pour bien jouer lorsqu'on improvise seul, je vais utiliser un procédé pédagogique que je trouve très efficace : je vais vous montrer ce qu'il faut éviter de faire, puis ce qu'il faut chercher à faire. Et ensuite je commente ça.
Dans la première improvisation il y a beaucoup de cordes qui résonnent, il y a du buzz aussi,
les notes sont jouées "piquées" et non tenues, les phrases contiennent plusieurs fois les mêmes notes
et sont très répétitives, il n'y a pas de pause entre les phrases, les bends sont faux.
Votre première impro ressemblera sans doute à ça. L'idée ici n'est pas du tout de critiquer, mais
de mettre des mots sur les choses à corriger, pour savoir quoi travailler par la suite.
Dans la deuxième improvisation, bien meilleure, les phrases sont espacées entre elles, les
notes variées, les bends justes, les enchaînements de notes pas trop répétitifs et
il y a même quelques vibratos. En bref, c'est beaucoup mieux.
Et maintenant, improvisons sur un backing track. Il faudra bien sûr appliquer ce qu'on a travaillé en improvisant seul, mais en plus de ça il va falloir jouer en rythme, c'est à dire avec des notes qui sont jouées en même temps que la pulsation (des "noires") ou au moins synchronisées avec (2, 3 ou 4 notes par temps donc des croches, triolets ou doubles-croches). Et en plus de ça, si certaines notes ne sonnent parfois pas harmonieuses avec les accords de l'accompagnement, il faudra changer de note. Eh oui, il va falloir rester concentré ! Voici donc 2 exemples d'improvisation.
Avez-vous remarqué quelque chose ? Les exemples audio sont inversés, celui indiqué "réussi" est en fait le raté (oui, c'était un piège). Si vous n'êtes pas tombé dans le piège, c'est très bien, ça veut dire que votre oreille reconnaît ces erreurs. Sinon, réécoutez plusieurs fois les 2 extraits audio.
Sachez que sur certains playbacks vous sonnerez super bien, et sur d'autres moins. C'est beaucoup lié aux accords qui sont joués dans la piste d'accompagnement, mais aussi au tempo. Je ne détaille pas le pourquoi du comment ici, mais sachez qu'il faudra parfois jouer sur plusieurs playbacks avant d'en trouver un qui vous convienne. Vous trouverez ici la playlist qui contient tous les backing tracks de rock faits par mes soins.
Bien. Rien qu'avec ces conseils, et uniquement avec une position de gamme, vous pouvez déjà vous amuser pendant vraiment très longtemps... Mais au bout d'un moment vous allez probablement tourner en rond. Une méthode utile lorsque vous en serez à ce stade, c'est d'apprendre des phrases clichés (ou "licks") dans le style rock. Ça vous permettra d'agrandir votre vocabulaire, mais aussi de vous imprégner des sons qui sont reconnus et appréciés en rock. Et devinez quoi ? C'est justement le thème de la partie suivante.
Comme je l'ai dit précédemment, apprendre de nouvelles phrases est une excellente
façon d'agrandir votre vocabulaire, mais aussi de découvrir des combinaisons ou
des enchaînements de notes auxquels vous n'auriez pas pensé spontanément.
En rock, il n'y a pas beaucoup de "phrases cliché" utilisées par plein de guitaristes,
comme c'est le cas en jazz par exemple.
Dans les phrases qui suivent, deux seulement sont très jouées par les guitaristes rock,
mais les autres sont composées par mes soins pour la majorité.
Elles sonnent bien, sont typiques de la guitare rock et sont plutôt faciles
à jouer. C'est parti !
Une première phrase rock, simple mais efficace, parfaite pour commencer un solo.
Voici une deuxième phrase, qui est plutôt un "chemin sur le manche" qu'on peut prendre de plein de façon différentes. Cette phrase sonne d'ailleurs très bien dans plusieurs styles de musique.
Une phrase très efficace, qui vient du blues, et avec un "double stop" (2 cordes jouées en même temps).
Une variante de cette phrase, qui sonne un peu moins bien mais dont les notes se trouvent toutes dans la pentatonique mineure de La.
Avez-vous remarqué que ce motif est celui qu'on entend dans le riff de "Mannish Boy" de Muddy Waters ?
Voici maintenant une phrase souvent jouée en rock, et par de nombreux guitaristes. On la trouve par exemple dans les solo de Highway To Hell (AC/DC) ou encore Knockin' On Heaven's Door (Guns 'n' Roses). Elle est assez difficile techniquement, je vous conseille d'utiliser l'index et le majeur sur la corde de Sol pour faire le bend en ayant plus de force. Les notes jouées sur les cordes de Si et Mi peuvent être tenues pendant que le bend est tenu, ou pas, au choix.
Et voici probablement LA phrase la plus utilisée en rock. C'est même plutôt un début de phrase, dont on peut jouer 3 notes uniquement, ou continuer à jouer en boucle.
Voici un exemple de phrase possible qui commence avec ce gimmick et qui finit merveilleusement avec un bend légèrement vibré.
Cette fameuse phrase rock n°5, c'est la phrase signature du guitariste de blues T-Bone Walker. Il la jouait tout le temps et l'a ainsi rendue célèbre. Voici sa version de "Hey Baby" en 1965, où plusieurs de ses phrases commencent par ce riff de 3 notes. C'est en La, comme nous, mais attention ça va un peu plus vite.
Ce qu'on remarque donc très vite, c'est que les guitaristes de rock on pioché toutes leurs phrases dans le blues, et les ont un peu modifié pour les faire sonner plus énergique. D'un point de vue mélodique, le blues et le rock sont des cousins vraiment très proches, c'est pourquoi je vous conseille de travailler un peu de blues si vous aimez le rock, et un peu de rock si vous aimez le blues.
Cela étant dit, la solution pour enrichir votre jeu n'est pas vraiment de passer
votre vie à repiquer des vidéos de rockeurs (même si ça aide), mais plutôt de vous
entraîner à créer vous-même vos propres phrases, en comprenant ce qui selon
vous caractérise les belles phrases rock.
Cette approche que j'ai, et qui consiste à vous inciter à apprendre à créer
par vous-même, et qui suit le fameux dicton de Confucius "Quand un homme a faim,
mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson" est une composante
essentielle de ma pédagogie. Elle vous demande un peu plus de travail que de simplement apprendre
à répéter des phrases, mais sur le long terme elle vous fera vraiment
gagner du temps et vous permettra d'aller beaucoup plus loin.
Plutôt que de vous expliquer tous les détails qui font qu'une phrase sonne bien et une autre sonne mal, je vais faire 2 improvisations : une bonne et une mauvaise (sans piège, promis). Cette fois-ci, ce sera à vous d'observer ce qui fait la différence entre ces deux improvisations relevées. Tendez l'oreille !
Tout le temps que vous passerez à essayer de comprendre ce qui fait la différence entre ces 2 exemples, c'est du travail qui portera ses fruits. Passez du temps dessus, et essayez aussi de jouer des phrases qui utilisent les mêmes procédés mélodiques. Sachez que ces partitions affichées avec le lecteur de Soundslice sont plus faciles à manipuler (ralentir et mettre en boucle par exemple) si vous les visionnez directement sur le site de Soundslice (cliquez sur l'encadré "View Full Version").
Pour l'instant, on s'est uniquement focalisé sur une gamme, et il y a déjà de
quoi faire ! D'ailleurs, de nombreux musiciens amateurs comme professionnels se
contentent de quelques positions de cette gamme pentatonique mineure.
Cela dit, si vous souhaitez maîtriser un peu mieux ce que vous jouez, et surtout
si vous souhaitez pouvoir être capable d'improviser sur n'importe quel morceau,
peu importe les accords de la piste d'accompagnement, les arpèges d'accords
seront indispensables.
Je ne vais pas trop développer ce sujet ici, mais je vais au moins vous montrer
le principe. Prenons le morceau Black Magic Woman, qui est un morceau de rock composé par
Peter Green de Fleetwood Mac (inspiré par le blues) en Ré mineur. Voici les accords du morceau.
Le playback correspondant se trouve ici :
Black Magic Woman (playback).
Dm | % | Am | % |
Dm | % | Gm | % |
Dm | Bb A | Dm | % |
Pour improviser sur ce morceau mineur, on pourra jouer tout du long la gamme
blues de Dm. Ça, on sait déjà faire. Mais essayons d'avoir plutôt une approche accord
par accord, pour voir ce qu'on peut en tirer de bénéfique.
Sur l'accord de Dm, pendant les 2 premières mesures, on ne va rien jouer d'autre
que la gamme pentatonique, puisque toutes les notes de cet accord sont déjà dans la gamme
pentatonique de Dm.
Sur l'accord de Am, on va jouer, ou viser, ou insister plus volontiers sur les
notes qui se trouvent dans cet accord. Pour les apprendre on peut les jouer dans
l'ordre, mais pour un bon rendu musical on va plutôt les ajouter subtilement à
notre gamme du moment et leur donner de l'importance, par exemple en les tenant
longtemps. Finir nos phrases avec une de ces notes est un procédé qui marche à tous les coups.
Vous entendez à quel point ça sonne bien ? Si ces sonorités vous plaisent et
que vous souhaitez apprendre à faire ça, sachez qu'une grande partie des formations
que je propose sur ce site sont justement consacrées à ça, et à vous enseigner
progressivement à intégrer des arpèges d'accords à vos improvisations. Et comme
l'apprentissage des arpèges d'accord peut demander beaucoup de travail,
j'essaie toujours d'enseigner ça de la façon la moins chronophage possible
pour vous, par exemple avec l'astuce des "notes cibles".
Parmi les formations disponibles il y en a justement une sur Black Magic Woman,
mais je vous suggère aussi celles sur
La gamme pentatonique et
Improviser sur des rythmiques simples. Et vous trouverez aussi
du contenu gratuit sur Youtube à ce propos, comme dans les vidéos
Black Magic Woman : méthode d'improvisation, ou encore
Les notes cibles en Rock avec le Twelve Assistant.
Voici maintenant, pour faire un comparatif avec/sans arpèges d'accord, deux
improvisations. Une qui serait celle d'un improvisateur qui connaît ses arpèges,
et l'autre non.
Sachez que certaines grilles sont très peu contraignantes et ne nécessitent pas d'apprendre des arpèges d'accords (comme les 3 playbacks des morceaux d'AC/DC par exemple) mais d'autres le sont plus, voir beaucoup plus. Voici un exemple de grille qui contient justement plus d'accords contraignants, savamment gérés : la grille du solo de Hotel California, un des plus beaux de l'histoire rock, si ça n'est le plus beau. La gamme principale est la pentatonique de Si mineure, case 7.
Je ne peux pas vous cacher que le plaisir d'improviser sur ce type de grille et d'arriver à suivre les accords est immense, et je pense que ça s'entend dans mon improvisation.
Dans cette page, je vous ai donné plusieurs outils pour bien aborder l'impro rock.
Voici maintenant quelques conseils pour ceux qui souhaitent aller plus loin.
Prenez des cours avec un prof : rien ne vaut les conseils personnalisés d'un
professeur de guitare compétent. Prenez le temps d'en chercher un qui vous convient,
et prenez des cours régulièrement, même si ça n'est pas toutes les semaines.
La page
Comment devenir un professeur de guitare ? vous donnera quelques pistes pour vous
aider à trouver les critères qui sont importants pour vous.
Suivez des formations en ligne, mais avec modération. Si vous suivez des formations
en ligne, comme celles qui sont disponibles sur ce site, vous pourrez bien progresser
mais il faudra être méthodique car personne ne vous empêchera de papillonner, vous
éparpiller et donc ne pas progresser. Je vous suggère vivement la lecture de la
page
À propos des formations pour plus d'informations.
Faites-vous une immersion totale dans le rock grâce à votre casque audio. Dès que
vous avez l'occasion, dans les transports ou en faisant du sport par exemple,
écoutez avec une écoute active vos artistes préférés. Avoir une mémoire précise
des sons que vous cherchez à produire avec votre instrument est essentiel, car
c'est votre oreille qui sera votre "guide musical". Et évidemment, toute expérience
de type festival et concerts de rock est vivement souhaitée !
Visionnez des tutoriels, mais intelligemment. Pour éviter de papillonner ou de ne pas
être efficace, visionner quelques tutoriels guitare en main. Et si un tutoriel vous
propose un exercice qui vous plaît, disons,
Créer des rythmiques de Hard Rock dans le style de ACDC,
travaillez les exercices proposés plusieurs jours d'affilée. Faire du
papillonnage en faisant défiler des dizaines de tutos ne vous aidera pas à
progresser. À ce sujet, je vous suggère la lecture de
La pédagogie musicale sur le internet qui détaille
comment bien tirer partie de l'abondance de contenu sur internet.
Relevez (transcrivez) ou travaillez des solos déjà relevés. L'idéal est de
retrouver vous-même les notes jouées par les guitaristes dans vos solos favoris,
comme je l'explique dans la vidéo
Repiquer un morceau avec Audacity, mais vous pouvez aussi aller sur des
sites comme l'excellent Soundslice sur lequel de nombreux solos ont déjà été
relevés. Choisissez de préférence les solos qui indiquent les accords de
l'accompagnement, et publiés par des transcripteurs fiables. Voici quelques
solos de rock publiés sur ma chaîne Soundslice :
J'espère que tous ces conseils vous auront aidé à y voir plus clair sur la démarche à suivre pour apprendre à improviser en rock. Maintenant, y'a plus qu'à. Alors, à vos guitares !