Guitare Improvisation

Les cadences courantes

Comprendre l'harmonie d'une musique, ça n'est pas seulement arriver à reconnaître le nom de n'importe quel accord joué dans un morceau : c'est aussi et surtout arriver à reconnaître une sensation, une couleur crée par un accord ou un enchaînement d'accord.

Dans cette partie, nous allons illustrer les cadences les plus fréquentes par des extraits musicaux d'horizons divers : rock, chanson française, techno, jazz, pop, chansons traditionnelles. Vous arriverez à terme à reconnaître ces cadences à l'oreille, vous pourrez même utiliser celles que vous préférez dans vos compositions.

Voici la structure de cette page.

Les cadences de base

V – I : la cadence parfaite (en majeur)

La cadence parfaite est l'enchainement des accords de degrés V et I de la gamme majeure. Elle est très résolutive. C'est une cadence extrêmement utilisée.

Cadence parfaite en majeur
Cadence parfaite en majeur

Analysons la cadence doucement. En jouant le premier accord (I) on donne la tonalité, notre oreille comprend "on est en majeur". En jouant le deuxième accord (V), on est en suspens : on n'a pas envie de s'arrêter là, on attend la suite. Cette tension est résolue lorsqu'on rejoue le degré I (dernier accord). C'est la cadence parfaite.

Résumé

Le degré I est stable, résolutif. Le degrés V est instable : il a envie d'aller vers le degré I. Lorsqu'on enchaîne les degrés V puis I, la cadence s'appelle cadence parfaite. On peut aussi choisir de rester en suspens sur le degré V, et on appellera cette cadence "demi-cadence".

On peut jouer cette cadence de plusieurs manières, et on peut jouer le degré V avec une septième mineure (soit l'accord 7) pour accentuer la tension qu'apporte cet accord.

Cadence parfaite en majeur (2)
Cadence parfaite en majeur (2)

Un morceau où on trouve cette cadence :

V – I : la cadence parfaite (en mineur)

La cadence parfaite peut aussi être jouée dans une tonalité mineure. Observez.

Cadence parfaite en mineur
Cadence parfaite en mineur

Quelques morceaux où on trouve cette cadence :

IV – I : la cadence plagale

La cadence plagale est aussi très utilisée. On l'appelle aussi la cadence "amen", puisque c'est cette cadence qui clôture parfois les morceaux ecclésiastiques, lorsque les paroles sont "A – men" (F - C). Musique !

Cadence plagale
Cadence plagale

Cette cadence sonne moins résolutive que la cadence parfaite. La raison à cela est que le degré IV est moins instable que le degré V. La cadence plagale est souvent utilisée après une cadence parfaite pour clôturer un morceau. La cadence plagale contient de nombreuses variantes, dont certaines qui seront présentées plus tard.

Un morceau où on trouve cette cadence :

Résumé

Cette première partie présentait les cadences simple, c'est à dire les enchaînements de deux accords très courants. Maintenant, nous allons étudier les enchainement d'accords plus longs, qu'on appelle aussi "tournes" quand il sont répétés en boucle.

Les enchainements d'accords

Le IV V I

C'est un enchainement d'accords très utilisé. On peut le voir comme une cadence parfaite préparée par un degré IV. Il est extrêmement répandu dans la musique classique. On le trouve aussi en abondance dans la variété, la pop, et toutes les musiques actuelles.

Le IV V I
Le IV V I

Un morceau où on trouve cette cadence :

Le II V I

Le II V I est une variante du IV V I. Les accords II et IV ont en effet un rôle très similaire (on dit qu'ils ont la même fonction de sous-dominante). Le II V I est extrêmement utilisé dans le jazz. C'est la cadence de base des standards de jazz.

Le II V I
Le II V I

Quelques morceaux où on trouve cette cadence :

Les anatoles

Les anatoles sont des enchaînements de 4 accords basés sur la référence suivante : I - VI - II - V.
Elles sont utilisées dans tous les styles de musiques, que ce soit le jazz, la musique classique ou les musiques actuelles. Il y a beaucoup de variantes de l'anatole, en voici quelques exemples.

L'anatole
L'anatole

Voici quelques morceaux où on peu entendre une anatole.

Les cadences moins fréquentes (mais pas moins belles)

La cadence I – VI en mineur

Cette cadence est utilisée abondamment par tous les compositeurs de musiques actuelles, puisque cette cadence a une sonorité très efficace. Elle est énormément utilisée dans la techno (presque toujours avec une basse descendante diatonique) au point que je l'appelle "la cadence techno". Mais bon, c'est mon appellation perso.

I - VI en mineur
I - VI en mineur

Maintenant, avec une basse diatonique descendante.

I - VI en mineur (basse descendante)
I - VI en mineur (basse descendante)

Cette cadence est particulièrement efficace lorsque la mélodie jouée par dessus est une note tenue commune aux deux accords. Vous voulez des exemples ?

Quelques morceaux où on trouve cette cadence :

Chute de la tierce : Vsus4 – V – I

Avant une cadence parfaite, le degré V peut être préparé. Cette enchaînement Vsus4 -> V suivi d'une cadence parfaite est une manière d'anticiper le degrés V. Le voici en partition.

Vsus4 – V – I
Vsus4 – V – I

Une autre façon de le jouer si vous n'avez pas les doigts assez longs ou assez souples.

Vsus4 – V – I (2)
Vsus4 – V – I (2)

Voici quelques exemples sonores.

Emprunts et cadences plus élaborées

Emprunt à la gamme mineure : le Vm

Il arrive de trouver des accords issus de la gamme mineure naturelle dans un morceau majeur. Cela permet d'ajouter de la couleur.

I Vm I
I Vm I

Emprunt à la gamme mineure : le IVm

Un emprunt à la gamme mineure très répendu est le degré IVm. Au lieu de le jouer majeur, on le joue mineur. Cet accord sonne très bien lorsqu'il retombe sur le degré I. Il suffit de jouer la suite d'accord I - IV - IVm - I (par exemple A D Dm A) pour comprendre pourquoi autant de chanson contiennent cette cadence. Si vous voulez composer une chanson "romantique", vous ne pouvez PAS éviter cette cadence.

I IV IVm I
I IV IVm I

Emprunts à la gamme mineure : divers

I bVI bVII I
I bVI bVII I

Voici quelques suites d'accords avec des emprunts à la gamme mineure.

Marches harmoniques : cycles de quintes descendantes

Une marche harmonique est un mouvement (décrit par les fondamentales des accords) qui se répète. Par exemple, un cycle de quinte est une marche harmonique : la fondamentale d'un accord est situé une quinte en-dessous de l'accord précédent.

Pour le morceau Unintended, la marche harmonique est un cycle de quinte. Pour le morceau Hotel California, la marche harmonique est constituée des intervalles quinte juste - tierce mineure. La marche ne dure pas tout du long.

La "descente mineure" : Im – bVII – bVI – V

Cet enchainement d'accord est très répendu. Il est présents dans de nombreux hits, comme "Hit The Road Jack" ou "Sultan Of Swing".

I bVII bVI V I
I bVII bVI V I

La substition tritonique

On rencontre la substition tritonique principalement dans le jazz. Ce procédé consiste à remplacer un accord (le "substituer") par un autre. Cette substitution se fait lorsqu'on joue une cadence parfaite (V7 - I). Le premier accord de degré V sera remplacé par l'accord 7 qui se situe un triton au dessus. Par exemple, la cadence G7 - C sera remplacée par Db7 - C. A terme, vous trouverez sur le site plus d'explications sur cette substitution.

V I bII I
V I bII I

Dans le standard de Jazz "A night in Tunisia" on observe une substitution tritonique récurrence. Inutile de dire que comme la cadence parfaite, la substitution tritonique se fait en majeur comme en mineur. Bon, je l'ai dis.

Travailler pour entendre les cadences

Pour entendre ces cadences, il faut les jouer encore et encore et essayer de les repérer dans les morceaux. Quand vous pensez avoir entendu une cadence particulière, vérifier si vous avez vu juste. C'est comme cela que vous progresserez.

Aussi, chantez par dessus les cadences, cela vous permettra de trouver des mélodies par dessus les accords, c'est important. Chantez aussi bien en pensant le nom des notes que vous chantez (c'est à dire en calculant les notes sur lesquelles vous allez arriver) que sans penser les notes, en chantant simplement "au feeling".